Procrastination : ce que vos excuses favorites disent sur vous
Vous l’avez lu et relu, en long, en large et en travers. Vous avez même pris des notes et approfondi le sujet en parcourant le web. Pourtant rien n’y fait. Rien, pas même le premier épisode de notre série « Procrastination vs motivation » n’arrive à vous motiver. Alors soyons honnête avec nous-même : ces recherches, en vérité, n’étaient-elle pas qu’une autre excuse pour repousser à plus tard le début de votre tâche ? Pourtant, dans la majorité des cas, la procrastination n’est pas due à un manque de motivation, mais plutôt à certaines croyances limitantes et à un perfectionnisme latent.
« J’ai encore le temps. »
En termes de procrastination, vous vous la jouez plutôt cool Raoul, à l’aise Blaise. Vous avez un regard optimiste sur la vie et, visiblement, une capacité à anticiper les imprévus assez limitée. Bien sûr, ce n’est pas la première fois que vous allez devoir gérer une mission à la dernière minute et d’ailleurs vous pensez également que vous faites partie de cette élite d’actifs dynamiques qui travaillent « mieux sous pression ».
Si cette tâche que vous repoussez aux calendes grecques n’impliquait encore que vous, soit. Mais comme votre travail n’est probablement pas une fin en soi, les conséquences de votre gestion du temps risquent de rapidement déborder de vos propres fonctions et de mettre le reste de vos collaborateurs sous tension.Alors munissez-vous d’une bonne matrice d’Eisenhower pour dresser la liste de vos priorités puis découpez chacune de celles-ci en petites briques de tâches simples à effectuer.
Estimez ensuite la durée nécessaire à chacune, à laquelle vous rajouterez systématiquement 10 % de temps supplémentaire. Vous avez besoin d’un cadre encore plus strict ? Adoptez la méthode Pomodoro et, si vous peinez à dépasser les deux pomodoros, octroyez-vous une petite récompense. Votre cerveau appréciera.
« Je n’ai pas le temps. »
Trois options s’offrent à vous : peut-être souffrez-vous d’un léger manque d’organisation, d’une forte surcharge de travail ou d’un possible manque de confiance en vos capacités. Dans les trois cas, nous vous conseillons de recourir à un seul et même remède : le principe de Pareto.
Cette méthode vous invite à vous recentrer sur l’essentiel en vous rappelant que 20 % de votre travail produit 80 % de vos résultats. Enlevez donc un peu de pression en vous débarrassant des tâches non-urgentes ou à faible impact. Enfin, si vous avez la chance de pouvoir déléguer une partie de votre travail, réfléchissez à votre valeur ajoutée : sous-traiter votre saisie comptable à un expert vous demandera un investissement minime en termes financiers, mais pourrait vous faire gagner de précieuses heures chaque mois.
Vous n’avez pas le temps depuis trop longtemps ? Optez pour un changement radical : changez de travail, embauchez quelqu’un, sous-traitez une partie de votre activité. Vous ne procrastinez probablement pas par fainéantise, mais par simple épuisement.
« Ce n’est pas fait pour moi. »
Vous avez grandi avec l’idée que vous étiez ceci ou cela, parce qu’une personne particulièrement perspicace vous l’aura dit un jour ou qu’une expérience vous aura conduit à cette déduction. « je ne suis pas doué-e pour m’exprimer à l’oral », « j’écris mal », « je ne sais pas dessiner », « je suis maladroit-e », etc.
Ces raccourcis, s’ils servent à nous rassurer (ils nous donnent l’impression de nous connaître et donnent un cadre à nos actions), n’en sont pas moins des excuses faciles. Et les croyances limitantes que nous avons acquises pendant notre enfance sont particulièrement tenace. Cependant, les facteurs déterminant nos réactions sont si nombreux que nous pouvons agir de façon entièrement différentes face à un même problème, à seulement quelques jours d’écart… Alors imaginez à vingt années de distance !
Vous n’êtes déjà plus la même personne que vous étiez hier. Et dans certaines situations, notre capacité d’imitation peut tout à fait suffire à remplacer des compétences que nous pensons ne pas posséder, comme par exemple lorsqu’il s’agit de s’exprimer en public. Nous savons tous à quoi ressemble un bon orateur, et si nous sommes convaincus de ne pas en être un, nous pouvons néanmoins être tout à fait capable d’en imiter un. En d’autres termes, fake it until you make it!
« Je ne suis pas prêt·e »
La peur de l’échec est plus fréquente que ce que l’on ne pense, et elle peut conduire à différentes stratégies d’évitement. Parmi elles, attardons-nous sur la sur-organisation et sur le perfectionnisme latent.
Pourquoi latent ? Parce que le perfectionnisme conduit rarement à la perfection et souvent à l’inaction. Prenez du recul sur votre travail et sur les attentes que vous avez envers vous-mêmes. Seriez-vous prêts à lancer une version bêta de votre site Internet en attendant de pouvoir terminer le développement de la version finale ? Réfléchissez aux avantages que cela pourrait vous apporter : un premier retour de vos usagers, une première vitrine que vous pourriez d’ores et déjà valoriser auprès de vos contacts et surtout, un peu de pression en moins.
Vous pourriez peut-être même consacrer un peu de temps aux autres tâches importantes qui commençaient à s’accumuler sur le coin de votre bureau, avant de terminer la version finale.
Enfin, trop d’organisation nuit à la productivité. Un outil ou une méthode d’organisation ne devrait pas vous prendre plus de temps qu’il ou elle ne vous en fait gagner. Sinon, cela s’appelle une excuse.
« Je n’ai pas envie de le faire. »
S’il s’agit purement d’une question d’envie, demandez-vous pourquoi (mais vraiment, pourquoi) devez-vous effectuer cette tâche ? Est-ce vraiment important ?
Cherchez à saisir l’image globale du projet auquel se rattache votre tâche et à vous rappeler votre objectif final. Pour cela vous pouvez par exemple dessiner une carte mentale afin de situer visuellement cette tâche dans le projet global. Les cartes Foglietto peuvent vous servir à découper ainsi votre projet en différentes tâches et sous-tâches que vous agencerez par la suite entre elles afin d’obtenir une vision globale.
Normalement, à ce stade, votre dernière excuse ne pourrait plus être que :
« J’ai bien mérité une pause. »
Vous avez bien mérité une pause, et nous aussi. Nous terminerons donc cet article demain… !
Blague à part, concluons effectivement sur le bien-fondé des pauses et de tout ce qui peut, d’une façon ou d’une autre, vous aider à relâcher à la pression. Car souvent quand notre cerveau n’a de cesse de s’éloigner du chemin que nous lui indiquons, c’est qu’il fatigue, tout simplement. Alors ne soyez pas trop dur avec vous-même : autorisez-vous également à procrastiner au moins quelques minutes chaque jour. Et si vous redoutez de vous enfoncer dans les affres de la procrastination pour de bon, vous pouvez même donner un cadre temporel à ces pauses en définissant par exemple une alarme sur votre téléphone.